Jean-Louis Servan-Schreiber est décédé à l’âge de 83 ans de la Covid-19. Foutue maladie, on aurait bien aimé le garder plus longtemps parmi nous. Concepteur de magazines, essayiste prolifique, il a marqué plusieurs générations de journalistes.
Par Corine Moriou
#JeanLouisServanSchreiber, un grand homme de presse avec lequel j’ai eu le bonheur d’échanger. Il apportait sa pétillance, une autre façon d’analyser les évènements, de vivre tout simplement.
C’était un adepte de la méditation, mais sans s’immobiliser sur un zafu. La méditation était pour lui une façon d’être qui ne le quittait pas de la journée. Il était toujours en mouvement, mais calme et concentré, aligné.
Il est auteur de près de vingt ouvrages dont « 80 ans, un certain âge », publié en 2019 chez Albin Michel. Il tentait, à chaque essai, de nous faire part de sa philosophie de la vie, une vie » vue de l’extérieur » assez réussie. « Je n’a pas vécu de grandes tragédies » , disait-il.
Sans lui aurais-je été journaliste à #LEntreprise/#LExpress, « La Lettre de L’Expansion » pendant près de 15 ans ? Sans doute pas. Il a suscité mon désir de travailler pour son groupe L’Express créé en 1953 par son frère aîné Jean-Jacques avec Françoise Giroud. Une sacrée lignée d’hommes et de femmes de presse, son oncle Robert et son père Emile ayant lancé #LesEchos en 1908.
Comme les chats, Jean-Louis a su rebondir après la vente du groupe Express-Expansion en 1994. Il a relancé #Psychologiesmagazine et en a fait un gros succès de presse, à tel point que certains pensaient qu’il en était fondateur !
« Nouvelles Clés », le magazine de spiritualité, devenu « Clés, » a enthousiasmé ses lectrices et lecteurs férus de développement personnel et de nouvelles tendances. Mais Clés (28 ans d’existence) n’était pas rentable et le magazine a stoppé sa parution en 2016.
L’Entreprise (28 ans d’existence) et L’Expansion (50 ans d’existence), des titres historiques, ont aussi mis la clé sous la porte. Ils n’ont pas eu de repreneurs, l’actionnaire de l’époque, Express-Roularta, préférant garder les marques pour le Web.
Jean-Louis a été affecté de voir disparaître « ses » magazines. Il évitait d’en parler. Chacun d’entre nous a pris son envol, ailleurs. Pas toujours simple. Mais nous n’avions pas le choix.
Je regrette les merveilleux moments de complicité avec mes confrères, amis curieux, joyeux, passionnés de journalisme. Nous travaillions beaucoup (reportages éclairs, nocturnes tardives), mais nous nous amusions.
A chaque instant dans la salle de rédaction, il se passait quelque chose sous la tutelle bienveillante de #GuillaumeRoquette (aujourd’hui, Directeur de la rédaction du « Figaro Magazine ») et d’ #ArnaudLeGal (aujourd’hui, rédacteur en chef aux « Echos » ).
Jean-Louis disait : « Avec L’Expansion, j’aide les hommes à réussir dans la vie. Avec Psychologies, je les aide à réussir leur vie ». Merci Jean-Louis.
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