A Marbella, c’est la playa et la fiesta
A Marbella, la vie est belle. Après la playa et la siesta, c’est la fiesta. La vieille ville attire les flâneurs tendance « hippy chic » tandis que la marina fascine les amateurs de scènes « bling-bling ».
Par Corine Moriou. Texte et photos.
Marbella est aux People de l’été ce que Rome est aux croyants durant la semaine sainte. Les familles royales, stars de cinéma et autres membres de la jet-set se donnent rendez-vous dans de somptueuses villas ou de très luxueux hôtels. Après la playa et la siesta, c’est la fiesta dans des lieux de rêve. Mais Marbella a su préserver sa vieille ville, au caractère typiquement andalou avec ses maisons blanchies à la chaux et ses balcons fleuris de bougainvilliers. Nous aimons flâner dans le dédale des ruelles étroites aux jolis pavés lustrés et incrustés de galets. Les boutiques aux enseignes tantôt « hippy chic » tantôt « vintage chic » donnent le ton de la façon dont il faut s’habiller pendant les vacances. Décontracté, bohème, un brin décalé… mais toujours avec une pointe BCBG. Bien que l’Espagne soit réputée pour ses cuirs, les chaussures et les sacs à mains, ne font pas rêver, car le design est assez grossier.
La célèbre Place des Orangers (Plaza de los Naranjos) est le cœur du vieux Marbella, aussi incontournable que la place des Lices à Saint Tropez. Nous y prenons un verre à la terrasse d’un café, à l’ombre des orangers en fleurs, bercé par le ruissèlement d’une fontaine de pierre de l’époque de la Renaissance. Avec ses robes de danseuses de flamenco accrochées aux balcons, le restaurant Mena nous fait un clin d’œil pour réserver une table. Mais nous préférons porter notre choix sur Casa del Corregidor, une maison de maître du XVII ème siècle qui fait cohabiter les styles gothique, renaissance et mudéjar sur son imposante façade. A chaque pas, nous entrons dans l’histoire de cette ville fondée par les romains il y a plus de 3 000 ans. Les vestiges des murailles arabes se dressent sur la rue Calle Carmen qui conduit à l’église de Nuestra Senora de la Encarnacion. Un peu plus loin, nous nous attardons au Musée de la gravure espagnole contemporaine (Museo de Grabado Contemporaneo) qui expose des œuvres de Pablo Picasso, Joan Miro et d’Antoni Tapies. Il s’agit du premier musée de la gravure en Espagne avec plus de quatre mille estampes. Puis, nous traversons l’Avenida Ramon y Cajal, l’artère principale à la végétation tropicale, pour rejoindre le Paseo de la Alameda, un petit parc où l’on s’assoit sur de ravissants bancs décorés d’azulejos, en compagnie de gens du pays.
En descendant l’Avenida del Mar qui mène au front de mer, nous avons le bonheur d’admirer une quinzaine de sculptures de Dali. Un musée en plein air à ne pas manquer. La promenade piétonnière qui borde les plages n’a guère de charme. Des buildings de standing sont alignés les uns à côtés des autres. A leurs pieds, une foultitude de restaurants et de bars accueillent les touristes en goguette. Le soir, c’est la ballade locale où l’on exhibe son bronzage, ses bijoux et son Yorkshire. Une vaste colonie d’Africains – rescapés du Sénégal, du Cameroun ou du Congo – tentent de vendre faux sacs Vuitton, montres et lunettes de soleil. L’ambiance n’est pas très glamour ! Au loin, nous entendons un feu d’artifice. Sans doute en provenance de Puerto Banus, la plus chic des marinas d’Espagne où se concentrent des yachts, tous plus luxueux les uns que les autres. Des célébrités comme Julio Iglesias et Antonio Banderas sont des inconditionnels de ce village « bling-bling » qui attire des milliardaires du monde entier. A tel point que place et rue portent leur nom ! On trouve une multitude d’élégants restaurants, de bars et de magasins de luxe (toutes les grandes marques internationales sont présentes) ouverts jour et nuit en pleine saison. Il n’y a pas d’heure pour se faire offrir une rivière de diamants.
En fin d’après-midi, c’est le même rituel : les conducteurs de Ferrari, Rolls Royce et autres voitures spectaculaires sillonnent les rues au ralenti. « Voir et être vu » constitue le principal sport. Les touristes sont attablés dans les cafés et observent les propriétaires de yachts qui prennent l’apéritif sur le pont de leur joujou des mers. Et vice versa, ces derniers s’assurent qu’ils ont des spectateurs. Cela rappelle les mêmes scènes qu’à Saint Tropez qui ont été croquées avec humour par le dessinateur Sempé ! Le charme en moins, car cet ancien port de pêche a perdu de son caractère. A Plazza Beach, carré VIP du bord de mer, la jeunesse dorée sirote drink sur drink dans des « bars jacuzzis », sur fond de musique techno. Les paparazzis rodent. Eva Longaria, sirène des mers au corps sculptural, est mitraillée de flashs. Sur la plage publique, les Espagnols, stoïques, vivent leurs vacances en famille. Ils fréquentent les chiringuitos, les petits snacks de la Costa del Sol. A Marbella, la vie est belle sous le soleil de plomb et les chapeaux de paille. Nous rentrons par la mille d’or, la plus belle zone résidentielle qui s’étend sur deux kilomètres entre Marbella et Puerto Banus. Ici, le légendaire Marbella Hôtel Club dont Sean Connery, Lizza Minelli, Omar Sharif ont fait le succès dans les années 50 affiche la nuit à 1200 euros tandis que le Punte Romano, « un hôtel comme à la maison », est à 500 euros la nuit. Sur le fameux « golden mile », derrière la mosquée, se cache le Palais du roi Fayad, véritable copie de la Maison Blanche. Poutine vient d’acquérir une propriété pour la modique somme de 80 millions d’euros. La communauté russe ne cesse de grossir. Les Européens ont du mal à suivre le même train de vie. Le mètre carré est rarement négocié en dessous de 18 000 euros. Un studio s’acquiert à un million d’euros. Toutefois, les amateurs de golf ont des bons plans pour découvrir La Costa del Golf. Ils peuvent jouer sur une douzaine de parcours dont le Golf de San Pedro de Alcantara, très prisé par les Anglo-saxons.
Un séjour à Marbella permet aussi de s’évader rapidement dans la montagne, découvrir des lieux sauvages, une nature désertique. Nous visitons de charmants villages comme Mijas, Ojen et Istan où il semble que le temps se soit arrêté. Tous les bijoux de l’Andalousie – Séville, Grenade, Cordoue, Malaga – sont à la porte de Marbella. Alors pourquoi s’en priver ? Mention spéciale à Ronda, une cité coupée en deux par le Rio Guadelevin qui coule dans une gorge profonde et que l’on franchit en empruntant le Pont Neuf (Puente Nuevo). La vieille ville Maure est perchée au sud de la faille. De l’autre côté, la ville moderne est organisée autour de ses célèbres arènes. Au pays de la corrida, la fiesta se décline de multiples façons.