UNE VIE POUR LE RING
Ancien champion de boxe dans les années 70, c’est Alain Delon qui avait organisé son dernier combat. Depuis, il a lâché les gants pour le micro de Canal +. Interview dans les cordes.
Pourquoi la boxe ?
Un pur hasard ! J’ai arrêté l’école à 14 ans. Pour vivre, j’ai accepté une place d’apprenti boucher à Laval parce que c’était nourri-logé. Mon patron de l’époque n’aimait pas me voir traîner le soir. Comme il était Président du club de boxe, il m’a emmené avec lui. La première fois que je suis entré dans une salle de boxe, j’avais 15 ans.
Vous étiez bagarreur ?
Non, pas du tout. L’énergie que j’avais en moi, je l’assouvissais dans le sport. C’était ma façon de me défouler. La boxe, elle, m’a permis de me surpasser. Elle m’a donné le goût de l’effort, l’envie d’être le premier. Et surtout, elle m’a donné le respect de l’autre et des choses. Avec ça j’ai fait le tour du monde et il ne m’est jamais rien arrivé !
Carlos Monzon, celui qui vous a empêché de conquérir le titre mondial était aussi votre ami.
Oui, après les grands matchs qui nous ont opposés, j’ai même organisé ses combats. Nous avions un grand respect l’un pour l’autre. La dernière fois que je l’ai vu, c’était lors d’une de ses permissions alors qu’il était en prison à Santa Fe. Quand il a trouvé la mort dans un tragique accident de voiture, j’ai vraiment perdu un ami. Mais au fond, je savais bien qu’il ne finirait pas avec des pantoufles aux pieds, ce n’était pas un tendre. C’est un peu comme Tyson aujourd’hui, ça m’étonnerait qu’il puisse rester très longtemps assis dans un fauteuil.
Pouvez-vous nous raconter le combat mythique mené contre lui en 1972 ?
Le match a eu lieu au stade de Colombes. On a mis 20 mn rien que pour arriver au ring. Tout le monde voulait nous toucher. L’ambiance était incroyable. Moi, j’étais dans mes petites godasses, j’affrontais un monstre. Monzon avait adapté un style de boxe en fonction de sa morphologie et personne n’avait trouvé la solution avec lui. Au 6ème round la bagarre est terrible, je me retrouve à terre lui aussi. Et puis au 13ème, je n’ai pas pu repartir à cause d’une hémorragie interne. Mon coach m’a retenu et m’a dit “on reviendra.” Par la suite, j’ai appris que Carlos voulait abandonner pendant le combat.
Qu’avez-vous fait quand vous avez arrêté les combats ?
J’ai raccroché à 30 ans, en 74. L’aventure a duré 15 ans. Je ne saurai jamais si j’ai eu raison ou tort. Ensuite pendant 10 ans, j’ai vécu un peu comme un bohémien. Je suis parti vivre aux Etats-Unis, en Italie, en Suède… J’ai organisé des combats, travaillé comme directeur commercial puis comme directeur de communication dans les Relations Publiques. J’ai aussi lancé ma propre marque de vêtements, j’avais même une usine de fabrication à Limoges.
Vous n’avez jamais eu envie de remonter sur le ring ?
Oh que si ! Aujourd’hui encore, ça me démange parfois. Le plus dur combat de ma vie, c’est de n’être jamais revenu. Pourtant les propositions n’ont pas manqué avec souvent de gros montants à la clé. J’ai refusé. Je tiens quand même à rester en forme, alors je fais de la gym tous les matins. Ce n’est pas le moment de se laisser aller. D’autant que, je n’ai jamais été aussi vieux … (rires).
Aujourd’hui vous êtes journaliste sportif à Canal +. Comment êtes-vous arrivé sur la chaîne des abonnés ?
Je suis arrivé à Canal + en 1984, dès les premières émissions de sport. A l’époque j’étais ami avec Charles Bietry, on jouait au foot avec toute une bande et quand il est passé de l’AFP à Canal +, il a eu l’idée des consultants et il a pensé à moi pour la boxe. D’un côté je gérais mes affaires dans le textile et de l’autre j’étais consultant à Canal+. Un jour, je suis allé voir Lescure et la chaîne m’a proposé le poste de responsable de la boxe à temps plein. J’ai accepté.
Une reconversion réussie, non ?
Tout à fait, j’ai conscience d’être un privilégié. Non seulement je vis de ma passion, mais en plus je la fais partager aux téléspectateurs. Je ne pouvais pas espérer mieux. D’autant que depuis le 16 février, nous avons un nouveau rendez-vous dédié à la boxe. Les abonnés pourront retrouver les grands matchs tous les jeudis à 20h40 sur Canal+.
Dates clés
• 1944 : Nait à Saint-Pierre la Coursin en Mayenne
• 1971 : Champion de France et champion d’Europe
• 1972 : Vice champion du monde des poids moyens
• Depuis 1984 : consultant sportif et cadre pour Canal +.
Comment gérer l’après-carrière ?
Certaines professions, comme le métier de boxeur qu’a exercé Jean-Claude Bouttier, sont de courte ou moyenne durée… Pour ces mannequins, artistes et sportifs de haut-niveau…, il est important de prévoir l’“après-carrière”…
Car si les revenus peuvent être très élevés…cela ne dure qu’un temps. Epargner ! C’est donc le principal conseil que l’on pourrait leur donner. Car épargner, c’est pouvoir rapidement, au tournant de sa carrière, construire de nouveaux projets, prendre le bon chemin… A condition d’être bien entouré, et d’avoir les bons conseils (notaire, gestionnaire de patrimoine, avocat, expert-comptable).