Fini la cuisine vieillotte des grands chefs et la course aux étoiles. Deux journalistes gastronomiques ont inventé une nouvelle façon de déguster, pour satisfaire l’esprit et les papilles.
Néologisme provenant de la contraction de « food » (manger en anglais) et « feeling » (ressentir des émotions), le Fooding a été inventé en 1999 par Emmanuel Rubin (critique gastronomique au Figaro Scope) et Alexandre Cammas (journaliste pour Nova). Depuis, le concept a le vent en poupe. Près de quatre cent restaurants rien qu’à Paris, un « Guide du fooding », et différents évènements tout au long de l’année célèbrent ce nouvel art culinaire. Leur crédo : plaisir et sincérité.
Trois questions à Alexandre Cammas
Le Fooding, concrètement, c’est quoi ?
C’est l’opposé de la gastronomie, « l’usage du ventre », en grec, car le terme n’inclue pas la dimension de plaisir. Contrairement aux Etoiles des guides gastronomiques, ce sont la sincérité et l’honnêteté qui priment. Le pari pour le restaurateur : mettre de la vie dans son restaurant et sa cuisine, les rendre personnels. Il n’y a pas de critère pour être Fooding ou pas, c’est de l’ordre du sentiment, de l’irrationnel. Cela peut dépendre du bruit, de l’accueil, de la déco, de la musique… La seule question que l’on doit se poser c’est : « est ce que c’est un bon souvenir ? » Si la réponse est oui, alors ce sera fooding.
Y a t’il un âge pour apprécier le fooding ?
Non, nous adressons à tous ceux qui pratiquent le resto comme nous. A savoir, choisir un endroit parce que par exemple le couscous est bon, qu’on aime bien l’ambiance et les gens qui y vont. Nous regroupons différentes sortes de resto : bistro, terroir, monde…Finalement, le Fooding c’est un peu la même chose que le cinéma d’auteur : des choses qui ne s’alignent pas, et dans lesquels on se reconnaît.
Mais alors est-il possible d’aimer les grands chefs, et le fooding ?
Bien sur. D’ailleurs, de grands noms de la gastronomie, tel Marc Veyrat, participent aux évènements « Fooding ». Ca les amuse beaucoup de descendre dans la rue, de faire goûter leur cuisine directement aux gens. Ca les sort du quotidien et leur fait rencontrer sincérité et conviction.
Quelques restaurants parisiens primés par le Bureau du Fooding :
Unico, dans la catégorie « meilleur billot latino »
« C’est un restaurant argentin dans une ancienne boucherie. C’est l’enseigne fooding par excellence ! On y mange de la succulente viande argentine cuite au feu de bois, dans un décor très 70’s. Compter environ 20 € avec sauces et potatoes, ou légumes pour une belle pièce, et 45 € pour la totale. »
15, rue Paul Bert (11ème). M° Faidherbe – Chaligny
Tel : 01.43.67.68.08.
Châteaubriant (11e), Fooding de la meilleure table
« La carte est minimaliste et calibrée est alléchante : soupe de perles blanches aux fruits rouges et betteraves, ou encore cabillaud vapeur, assaisonné d’une huile d’herbes aux crevettes grises et d’un jus très légèrement épicé et caramélisé, qui révèle de subtiles saveurs marocaines ». Menus à 65 €.
129, avenue Parmentier (11ème). M° Goncourt
Tel :01.43.57.45.95
L’Hôtel Amour, fooding du meilleur « voir et être vu »
« C’est un petit endroit très branché, dans l’esprit brasserie. La cuisine est simple : on y mange de délicieux tartares ou poulets. Mais on y vient surtout pour rencontrer du beau monde, comme Sofia Coppola, Jean-Yves Lafesse, ou Emma De Caunes… C’est un carré VIP dans lequel tout le monde est bienvenu. » Repas autour de 80 €.
8, rue de Navarin (9ème). M° Notre-Dame de Lorette
Tel :01.48.78.31.80
Plan de l'article :