Cap sur Castel Clara, en dépit de la tempête annoncée. Le vent souffle à 80 nœuds, c’est vertigineux. Mais cet Hôtel Thalasso & Spa intimiste est la promesse d’un délicieux cocon protecteur au cœur de l’hiver. Le panorama d’une mer agitée et d’une nature brute invite à des retrouvailles authentiques.
Par Corine Moriou
Y a-t-il plus belle adresse pour s’isoler du monde, faire une retraite loin de l’agitation citadine ? François Mitterrand aimait venir se recueillir au Castel Clara, un lieu mythique battant pavillon Relais & Châteaux. Mais Belle-Ile-en-Mer se mérite. Et c’est tant mieux. Après quelques heures de voiture (ou de train et taxi), on arrive à Quiberon et l’on embarque sur le ferry pour une croisière de 45 minutes. Le mal de mer n’arrive pas qu’aux autres. Mais on a pris son petit comprimé préventif. La traversée s’annonce houleuse, ce sera la dernière de la journée en raison de la tempête Amélie. Somnolents sur le pont, on est bercé par Belle-Ile-en-Mer Marie-Galante et on lâche les dernières amarres avec le continent. Merci à Laurent Voulzy (la musique) et à Alain Souchon (les paroles) pour ce bijou musical ! Nous voilà arrivés sur la terre promise. Au port de Palais, se profile la masse sombre et imposante de la citadelle Vauban. C’est la seule commune véritablement animée en plein hiver où l’on a des chances de trouver un restaurant, une librairie… Mais on vous l’assure : l’hiver à Belle-Ile a un charme fou. On n’y vient pas pour le soleil, mais pour ses paysages typés, uniques en leur genre. Tout comme l’Irlande, c’est une nature iodée et verdoyante qui attire les puristes en quête de beauté et silence.
Un hôtel romantique face à l’Atlantique
Seul quatre étoiles sur l’île, le Castel Clara (baptisé du prénom de la petite fille de l’ancien propriétaire), est un havre de paix et de lumière, celle de la côte Morbihannaise. Au Cotton Bar, on déguste un café Arabica et on découvre, à travers la baie vitrée, la beauté austère de ce bout du monde. Ici, les chambres sont spacieuses, généreuses, offrant une vue spectaculaire sur l’Anse de Goulphar et la côte sauvage. Cette vaste demeure ressemble plus à une maison de maître qu’à un château. A taille humaine, l’anonymat n’est pas de mise dans ce boutique hôtel. Le personnel est très souriant, attentionné. Castel Clara offre un confort douillet qui invite à l’abandon, prélude indispensable à une cure de thalassothérapie réussie. « Nous avons des habitués qui aiment venir ici, car c’est une petite structure de thalasso qui accueille 70 personnes au maximum par jour tandis que d’autres centres sont fréquentés par 350 personnes par jour, souligne Carine Gallen, directrice de la thalasso. La moyenne d’âge est d’environ 50/60 ans l’hiver. De nombreux curistes viennent en couple, la fréquentation masculine est donc importante. » Il est vrai que Castel Clara est l’hôtel romantique par excellence pour vivre des cures en duo et partager des balades sur l’île. Tantôt des moments cosy, de doux repli dans le moelleux des canapés, tantôt de grandes bouffées d’oxygène et d’adrénaline en s’aventurant vers la côte escarpée et ses falaises.
Douceur de l’Istreen, massage balinais et watsu
A la thalasso, on trouve les soins classiques tels que le massage sous affusion, la douche à jet, l’enveloppement d’algues dont on ne se lasse pas. Mais il y a aussi les soins signature de Castel Clara. Ainsi, Douceur de l’Istreen (comprenez huître en breton) démarre par un gommage à base de poudre de coquilles d’huîtres. Celui-ci exfolie la peau en douceur et lui apporte des oligo-éléments. Puis, le modelage du corps et du visage à l’huile d’amande douce favorise la détente.
Le massage balinais est particulièrement apprécié des sportifs. Il faut être résistant à la douleur sur les zones musculaires qui ont besoin d’être dénouées. Synthèse des massages ayurvédiques, chinois et thaïlandais, il se compose de pétrissages, frictions, tapotements, étirements … Malaury, l’esthéticienne, est un petit bout de femme, mais elle est costaud. Avec ses mains, ses avant-bras et même ses coudes, elle alterne des manœuvres toniques de la tête aux pieds. Toutes les parties du corps sont massées à l’huile de coco sans oublier un seul orteil.
Mention spéciale pour le Watsu (contraction de water (eau) et shiatsu (thérapie japonaise)) très rarement au programme des thalasso. Il est proposé aux personnes stressées, aux futures mamans et à tous ceux qui ont envie de faire cette expérience. A Castel Clara, Elisabeth Risch vous accueille dans l’eau chauffée à 35 degrés … et dans ses bras. Ce n’est pas Amma, mais la praticienne vous tient contre son cœur avec tout son amour. Nul protocole, contrairement à un massage classique. Elisabeth s’accorde à vos mouvements et à votre respiration. Elle se déplace dans l’eau, alterne des gestes de bercements, d’étirements et de pressions. Le watsu apaise, débloque des tensions, fait remonter des émotions, selon l’état de chacun. Genoux repliés contre la poitrine en position du fœtus, certains ont le sentiment de se retrouver dans le ventre de leur mère. Tout un voyage ! Le watsu est reconnu pour avoir des vertus thérapeutiques si l’on pratique plusieurs séances de manière suivie.
Balades sur les traces de Monet et de Sarah Bernhardt
Avec ses falaises tourmentées, ses routes vallonnées, ses grasses prairies et ses hameaux de maisons blanchies à la chaux, Belle-Ile n’est pas reposante, mais séduisante, ensorceleuse. Elle semble receler des mystères qui ne peuvent être percés en un jour. Vaste lande respectée par les amateurs d’écologie, s’entremêlent les bruyères, les ajoncs épineux, le prunellier sauvage, l’aubépine et la fougère. On observe les oiseaux à la longue vue.
Des vélos électriques sont disponibles pour sillonner la plus grande des îles bretonnes. Mais le vent souffle fort. Mieux vaut opter pour une balade à pied. A deux pas de Castel Clara, on chemine vers les Aiguilles de Port-Coton et sa succession de roches dentelées. C’est incontestablement le paysage le plus spectaculaire de l’île. Le peintre Claude Monet en a révélé la beauté fascinante dans ses toiles. On tente quelques pas sur la côte et l’on reçoit en pleine figure des paquets d’écume, sorte de gros flocons mousseux semblables à du coton. Un festin d’oeufs à la neige. C’est amusant, on ne l’avait jamais vécu ailleurs ! D’où le nom de Port-Coton.
A Sauzon, petit port de plaisance au nord de l’île, on déjeune dans une charmante crêperie, toute simple comme on aime. Puis, on s’aventure vers la Pointe des Poulains et son fort militaire devenu salon d’été de Sarah Bernhardt. On se plait à imaginer la tragédienne dans son étrange propriété et les premiers bains de mer de l’époque sur la plage du Petit Donnant.
La thalasso et les balades ouvrent l’appétit. Au restaurant Le 180 degrés, le chef Franck Moisan propose une cuisine gourmande digne d’une table dans un Relais & Châteaux. On se régale d’une fricassée de homard accompagnée de son écume safranée du Morbihan et de son crémeux d’artichauts. Demain, il faudra plier bagage, rejoindre le continent. Cette escapade est vraiment trop courte. C’est en hiver que les amoureux ont un fantasme. Pourvu que la tempête se prolonge. Pourvu qu’aucun bateau ne puisse accoster. Alors ils auront de bonnes raisons de rester coupés du monde. Pour vivre pleinement l’écume des jours.
Y aller
Paris-Auray TGV 2h15, puis taxi et ferry avec la compagnie Océane à Quiberon. Traversée 45 minutes et navette gratuite vers l’hôtel.
Castel Clara, Thalasso & Spa ****, port de Goulphar 56 360 Belle-Ile-en-Mer Tél : 02 97 31 84 21 www.castel-clara.com
L’hôtel possède 58 chambres, cinq Suites, une piscine intérieure et un bassin extérieur d’eau de mer. Des vélos électriques et des voitures sont à la disposition de la clientèle.
Séjour Ma bonne résolution de 4 jours/3 nuits à partir de 789 euros pour deux personnes. Ce prix comprend l’hébergement en chambre double avec vue sur l’Océan, les petit-déjeuners, les dîners dans l’un des deux restaurants, le libre accès à L’Espace détente comprenant une piscine chauffée à 28 degrés, un hammam, un jacuzzi ainsi qu’une salle de fitness et des courts de tennis.
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