En France 1,4 millions de personnes âgées de plus de 60 ans sont dépendantes. La clé face à la perte d’autonomie de nos proches : savoir comprendre et anticiper pour prendre les bonnes décisions au bon moment.
“Je suis sur la brèche jour et nuit, mais je le prends comme un privilège.” C’est ainsi qu’Hélène, 47 ans parle des soins qu’elle prodigue à sa mère âgée. Comme elle, de nombreuses personnes considèrent que s’occuper de ses parents devenus dépendants est une activité gratifiante. C’est aussi devenu une activité très courante. Aujourd’hui en France, 1,4 million de personnes de plus de 60 ans sont dépendantes et environ un tiers des plus de 85 ans ont besoin d’une assistance régulière.
En effet, la France vieillit : sur les 61 millions d’habitants recensés en 2006, 20 % étaient âgés de plus de 60 ans. Ils seront 31 % en 2040. Conséquence inévitable : les situations de dépendance se multiplient.
“Donner des soins est enrichissant”
A priori, “on peut effectivement penser que s’occuper de ses proches est enrichissant et cela, tant que nous les avons en bonne santé (sans problème de pathologie ou d’autonomie), et puis arrive le jour où l’on doit faire un choix. Et c’est là que l’on découvre que l’on n’est absolument pas préparé parce que notre société véhicule l’idée que les établissements d’accueil sont sordides. Alors la culpabilité nous ruine…” explique Sylvain Siboni, psychologue clinicien spécialisé en gérontologie.
“Nombre d’aidants qui viennent à ma rencontre sont épuisés psychologiquement. Ils me disent souvent “C’est lui ou moi”.
En témoigne l’histoire de Sandrine, 52 ans : “Nous avons dû placer papa, atteint de la maladie d’Alzheimer depuis 6 ans (c.f. notre article sur le lymphome). Ma mère s’en est occupée au maximum de ses possibilités et puis s’est effondrée. Elle ne pouvait imaginer placer papa… elle avait l’impression de le trahir”.
“Les maisons de retraite ne sont pas des prisons”
“Il a fallu faire vite et nous avons découvert des établissements bien et moins bien. Ce n’est pas forcément l’argent qui fait la différence. Par contre nous avons rencontré des personnes motivées et disponibles pour nous aider à faire le meilleur choix. Il y a de plus en plus de jeunes soignants dans ces institutions. Ils ont des vrais projets d’insertion et d’adaptation par rapport aux différentes pathologies.
Nos parents vivent de plus en plus vieux et nous ne pourrons pas toujours les garder près de nous. Même si c’est ce que nous espérons tous. Alors, pourquoi ne pas commencer à démystifier ces endroits et arrêter de les faire passer pour des prisons … « s’interroge Sandrine.
Pas des prisons, les maisons de retraite ? Non, bien sûr que non ! « Mais bon, on décide quand même un beau jour de vous mettre « ensemble » entre vieux, à part… Or, la vie, c’est d’être indépendant (c.f. ces retraités qui partent au soleil), d’avoir une vie sociale, d’être avec les autres : hommes, femmes, vieux, jeunes qui font du bruit entrent, sortent, se disputent, petits-enfants qui viennent goûter avec mamie…
Bref, la vie quoi ! C’est pour cela que le placement c’est une décision inconcevable psychologiquement, parce qu’on a le sentiment de les abandonner », analyse le psychologue.
Évaluez les besoins de vos parents
“La première difficulté c’est d’arriver à se sentir adulte devant eux. Quand nos parents vieillissent, leur comportement change. Ils ont peur, prennent moins de risques. Une tendance exacerbée lorsqu’une pathologie s’ajoute à la vieillesse. On devient alors les parents de nos parents. En fait les rôles s’inversent”, explique Sylvain Siboni. “Une personne en situation de dépendance, c’est un peu comme un enfant… Il faut parler avec elle de ses désirs, mais cela implique que la personne ait toutes ses facultés pour comprendre les enjeux du problème.
Dans tous les cas, il s’agit de rationaliser la situation et de ne pas tomber dans l’émotionnel.” Ensuite il faut s’informer sur la ou les éventuelles pathologies dont ils sont victimes et leur développement possible afin de prendre les meilleures décisions. Car la dépendance n’implique pas forcément la nécessité d’un placement. D’ailleurs, en France, la majorité des personnes dépendantes habitent encore leur domicile. Depuis les années 80, la politique est de privilégier le maintien à domicile.
Ces services en France sont d’ailleurs très bien conçus”, estime le psychologue.
Se faire aider face à la dépendance
A Paris les CLIC (Centre Local d’Information et de Coordination) orientent et facilitent les démarches des personnes âgées et de leur entourage. Professionnels sociaux, médico-sociaux ou de santé en lien avec les acteurs de la gérontologie vous aideront à évaluer vos besoins et à élaborer un plan d’aide avec les intervenants extérieurs.
A lire
Prévoir la perte d’autonomie : un guide très complet qui aborde les principaux thèmes liés à la dépendance. Des aides octroyées par l’Etat à l’aménagement fonctionnel de son habitat jusqu’au choix d’un établissement, tout y est. Gratuit, ce guide est disponible sur simple demande en appelant au 01.55.57.06.49 ou sur le site www.prevoir.com
A voir
“Une grande bouffée d’amour !”
Un documentaire plein d’humanité sur le travail de Jean Sibonii, psychologue et responsable du forum Jean Vignalou à l’hôpital Charles Foix, d’Ivry-sur-Seine. Il pose la question de la place “des anciens dans la société” et permet de mieux comprendre la maladie d’Alzheimer.
Prix 19,90 E
Aiguemarine C°, 168 bis, rue de Paris, 94220 Charenton le pont.
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