Essai du Kia Sorento : un mastodonte pour toute la famille
Prendre le volant d’un gros 4×4 au milieu de Paris un vendredi soir, c’est un peu conduire un camping-car dans Monaco au mois d’aout (vécu) ou coacher un éléphant dans un magasin de porcelaine : Dire que ce n’est pas fait pour semble donc en introduction un minimum.
De prime abord, je me sens engoncé, trop bas sur mon siège. Vitres fumées et pare-brise étroit, visibilité arrière faible, j’ai peur de mal appréhender la dimension XXL du Sorento à 45 000 € que l’on vient de me confier. Je trouve un stationnement approximatif pour découvrir la notice, les réglages électriques du siège, de l’écran tactile, des rétroviseurs, prend le temps de faire le tour du propriétaire. Je sens au regard des passants qu’on me pardonnera peu de choses avec un engin si rutilant.
Vite, direction la campagne. Sur les autoroutes A6 puis A77, le Sorento file sans bruit si ce n’est un léger sifflement, le vent est particulièrement fort ce soir. Trois offres de gestion se présentent : normal, éco et sport. Par défaut nous sommes en « normal », RAS, « l’éco » rallonge les rapports, semble durcir l’accélérateur, l’inertie augmente, la consommation diminue. En « sport »…le régime moteur augmente, la boîte optimise les reprises et le frein moteur, il semble que la direction et le comportement général se tendent, le véhicule devient dynamique, le compteur s’affolerait presque. Retour au calme sur départementales, mode « eco » pour récupérer une moyenne de bon père de famille, on a consommé 10 litres aux cent.
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Au retour nous descendrons à 8 l/100 sur route et à peine 9l/100 sur autoroute. Nous voici dans l’Yonne, en Puisaye, : La campagne vallonnée, les chevaux, des lacs et forêts… Posons les roues sur la terre, salissons les pneus. La voiture absorbent les creux et bosses dans le plus grand confort, même à vive allure. À bord, personne ne s’est aperçu que j’avais quitté la route pour le bas-côté, juste pour voir ! Le mode 4×4 en sélection manuelle donne l’adhérence nécessaire pour passer dans la gadoue. On laboure en passant une terre en friche façon Dakar, même que j’avais peur d’y rester planté. Mais non. La monte d’origine ne permettait sans doute pas un vrai trial mais le Sorento vient de nous prouver qu’il a bien les qualités d’un 4×4, pas seulement le look.
Un intérieur très sobre
L’ambiance à bord n’engage pas spontanément à ces facéties. Intérieur tout cuir, finition nickel, tableau de bord sombre et massif, des commandes de toutes sortent qu’on en a mal à la tête. Ecran tactile multifonction, gps, radio (mais plus de lecteur cd hélas), interface de téléphonie, réglages, commande du stop and start, du maintien de ligne, de l’anti patinage, du 4×4, des modes de conduites, de l‘ouverture du coffre, de la trappe à essence, du frein de parking électrique mais pas automatique, etc : prévoyez quelques jours d’initiations…Le régulateur réclame lui aussi un apprentissage, comme fermer et ouvrir la voiture (génial mais un peu mystérieux), ou encore s’approcher du coffre pour l’ouvrir sans contact, super, mais pas trop près sinon « boum » la tête : des tas d’équipements souvent utiles, mais des fondamentaux oubliés comme les vitres qui ne remontent pas toutes seules quand on ferme, des rideaux aux fenêtres pour les bambins, des tablettes au dos des sièges avant. Les voitures sont tellement sophistiquées qu’en changer ressemble à changer de téléphone portable, avec les affres que l’on connaît. Question connexion, il y a deux prise 12 V et des entrées usb sous le rangement central, et on apprécie les autres grands et nombreux rangements au milieu des sièges ce qui compense la boîte à gant toute petite. Le plus gênant est le siège passager trop bas qui condamne Madame, si elle mesure moins d’1m80, au coussin. Il manque un réglage en hauteur pour le fauteuil passager.
Questions chiffres : 200 chevaux pour deux tonnes, 4 cylindres de 2.2 l diesel, une boite auto 6 rapports, près de 4m80, 7 places dont deux amovibles dans le coffre, rails alu et toit ouvrant panoramique et électrique, roue de secours sous la partie arrière (pas besoin de vider le coffre), système de remorquage amovible rapide… Avec consommation modérée, le Sorento écrase la concurrence question rapport prix équipement prestation. Les X5, ML, XC90 et autres Q7 coûtent 20 000 € de plus.
Prévu pour les marchés américains et chinois, le Sorento ne prétend pas devenir le best seller de la marque, le Sportage occupe cette place. Il domine une gamme dont la variété en France permet à chacun de trouver son bonheur. Nous avions essayé à sa sortie la Rio, concurrente de la Renault Clio et plus récemment la nouvelle Sportage. Leur point communs est une construction sérieuse et une garantie de 7 ans, la plus longue du marché automobile : au moment de signer pour 20, 30 ou ici quelque 40 000 €, cette garantie cessible est un vrai plus.
Au moment de remonter à Paris, les habitudes venant, on songe aux futurs propriétaires qui auront l’usage des sept places, tracterons leur bateau vers la mer, sans se soucier de stationnement ni des envieux…sacré veinards ! Car un week-end en compagnie de ce Sorento nous l’a rendu attachant, autant qu’un saint Bernard. C’est dire.
Kia Sorento, à partir de 43 990 euros.
Denis Aubel