Chypre, sur les traces d’Aphrodite

Secouée de tremblements de terre, plissée de mouvements volcaniques, bordée de rivages somptueux, Chypre est douce et clémente comme une plage secrète. Selon la légende, sortie d’un bouillon d’écume, Aphrodite aurait mis le pied sur le rivage de Chypre pour y demeurer à jamais. Voyage au cœur de la légende.

Terre de passion, doigt pointé vers l’Asie Mineure, Chypre est située au carrefour de l’Occident et de l’Orient, à un jet de pierre de la Turquie et non loin des côtes du Liban et de la Syrie.

 

Convoitée par tous

La richesse de son sol et sa position stratégique, ses gisements de cuivre et son bois ont fait de Chypre une île de tout temps très convoitée. Tour à tour, Égyptiens, Assyriens, Romains, Lusignan du Poitou, Vénitiens, Ottomans et Britanniques y ont régné jusqu’à son indépendance en 1960. Chaque peuple y a d’ailleurs laissé son empreinte : conduite à gauche à l’anglaise, temples romains, murailles vénitiennes, châteaux médiévaux, monastères, habitations néolithiques… Contre toute attente, en 1974, les Turcs envahissent le Nord de l’île, séparant l’île et la capitale Nicosie en deux par une ligne verte. Privés de la partie la plus riche de l’île les insulaires ont su gardé leur fierté, leur courage et une rare générosité.

Terre des dieux

Dès l’Antiquité, l’île est considérée comme le lieu de naissance d’Aphrodite. Selon la légende (il y en a plusieurs !). Aphrodite, la déesse de l’Amour, l’équivalent de Vénus chez les Grecs, serait née de l’écume de la mer. L’écume étant le sperme d’Ouranos ! Séduite par cette île généreuse qui fleure bon le citron, la déesse de la beauté et de l’amour aurait choisi d’y demeurer à jamais.

Dans l’Iliade, Homère fait le lien entre Aphrodite, qu’il surnommait Kypris, et le nom de l’île. Mais d’autres versions existent quant à l’apellation de l’île. La plus répandue, et la plus crédible, veut que Chypre (Kypros) — parmi les premiers producteurs de cuivre — tire son nom du mot « cuivre » (kuprum, en latin).

Qui a raison ? Qu’importe. Suivre les traces d’Aphrodite se révèle une façon agréable et romantique de découvrir cette île au climat idéal et au sol si fertile qu’on se croirait au paradis terrestre.

Les courbes d’Aphrodite

C’est sur la côte ouest, dans la ville de Paphos et plus précisément dans la petite crique près du grand rocher Petra tou Romiou, que serait apparue la déesse de l’amour. Magique à souhait, surtout au coucher du soleil, l’endroit est le rendez-vous favori des amoureux. La légende prétend que, si l’on s’y baigne à minuit un soir de pleine lune, on vivra un amour éternel !

Du sol de Paphos ne cessent de surgir des trésors faisant de cette ville, reconnue patrimoine mondial par l’Unesco, un véritable musée à ciel ouvert. Les traces de la déesse sont partout : dans les mosaïques de la maison de Dionysos (dieu du vin) surgies de terre après un séjour de 16 siècles, à Palaipaphos, dans les ruines de son sanctuaire, à la fontaine d’amour, un endroit agréable pour la baignade ou aux bains d’Aphrodite, un petit étang dans une grotte naturelle à l’ombre des figuiers.

D’après la légende, c’est là qu’Adonis l’aurait surprise alors qu’elle s’y baignait nue. Fasciné par sa beauté, il en serait tombé follement amoureux. On raconte que quiconque se lave le visage avec cette eau (à l’origine, il fallait la boire, mais elle n’est plus potable) gardera sa jeunesse éternellement et ressentira l’amour avec plus de vivacité. Qu’on y croie ou pas, tout le monde s’exécute !

Le bord de mer

Les côtes qui entourent Paphos sont protégées par les monts Troodhos, une impressionnante chaîne de montagnes dont le point culminant, le mont Olympe (1 951 mètres), se couvre de neige en hiver. De nombreux sentiers pédestres offrent une vue panoramique sur les chutes d’eau, les forêts touffues de cèdres et de pins parasols, de chênes et de cyprès.

Au pied de cette chaîne de montagnes s’étendent la zone des collines et la région des grands vignobles, des caroubiers et des oliviers.

En suivant la route du bord de mer, on traverse de petits villages, où poussent allègrement céréales et agrumes (citrons, oranges et pamplemousses), et d’impressionnantes vallées ou paissent les chèvres. En direction de Limasol, station balnéaire de rêve, le paysage se modifie de nouveau. Cette fois-ci, place aux espaces vierges et inhabités, aux immenses rochers qui, à certains endroits, atteignent 100 mètres de haut, et aux plages de galets. Quand je vous disais que c’était le Paradis sur Terre !

De l’indépendance à la ligne verte

Qui après l’indépendance de l’île en 1960 aurait pu imaginer qu’un jour une « ligne verte » (ligne Attila), une zone de tampon démilitarisée de 180 km, séparerait l’île en deux ?

D’ailleurs aucun Chypriote n’a oublié ce jour de juillet 1974 où la Turquie a envahi l’île. Quelque 200 000 habitants ont été chassés de leur maison et dépouillés de leurs biens tandis que l’envahisseur prenait possession de 37% dans le nord de l’Île. À l’occasion de ce coup d’État, près de 6 000 personnes ont trouvé la mort. D’ailleurs, on cherche encore la trace de 1 619 Chypriotes, dont 50 enfants.

« Il était cinq heures du matin, raconte Demetra. Ils sont arrivés par surprise du ciel. Nous n’avons rien pu faire. Je ne pourrai jamais oublier ce jour là ». Dans les yeux de cette jolie femme, notre guide, nostalgie et tristesse se mélange.

Chypre Pratique

  • Les meilleures périodes pour visiter Chypre

D’avril à juin, les températures sont clémentes (entre 20 et 25 °C) et le soleil brille. A éviter : l’été beaucoup plus chaud (35 °C et au-delà).

  • Y aller ?

En avion, il faut compter 4 heures de vol depuis Paris. La compagnie Cyprus Airways (www.cyprusairways.com) offre un service de transport aérien quotidien vers Larnaka.

  • La langue

Les langues officielles sont le grec et le turc. Cependant, l’anglais est parlé sur presque toute l’île, et l’on y trouve facilement des gens qui s’expriment en français.

  • La monnaie

Si Chypre est européenne depuis 2004, elle n’est pas encore à l’heure de l’Euro. Pensez à changer vos euros en pound avant de partir.

Où et quoi manger ?

Les Chypriotes sont accueillants, et toutes les occasions sont bonnes pour savourer le traditionnel mezzé dans ce qu’ils appellent les tavernes. Ce repas compte une quinzaine de plats différents et se révèle la meilleure façon de découvrir la cuisine chypriote.

Il faut absolument goûter à l’halloumi, un fromage à base de lait de chèvres nourries au thym. Un délice, surtout quand il est grillé ! Les desserts se composent surtout de fruits confits dans le miel.

Les vins chypriotes sont excellents. Il faut essayer le Commandaria, un vin lourd et sucré qu’on prépare toujours selon la recette des Templiers. Les plus courageux tenteront le Zivania, l’eau-de-vie locale ! Attention ça décape !

Comment se déplacer ?

Pour ceux qui n’ont pas peur de la conduite à gauche, louez une voiture à votre arrivée à l’aéroport. Pour les autres pensez à négocier les prix du taxi…

Où dormir ?

Pour ceux qui aiment la proximité de la mer, nous vous conseillons la station balnéaire de Limasol (à seulement 40 km de Paphos). Testé pour vous le Mediterranrean Beach. Un complexe 4 étoiles très design et coloré avec plage privée et piscine intérieure et extérieure. Le service est parfait et on y parle Français. Adresse : Mediterranean Beach, Amathous Ave. 3105. P.O. BOX 56767. Mail : info@medbeach.com

Il existe aussi des gîtes. L’accueil est généralement chaleureux. Pour connaître les adresses contactez l’Office du tourisme de Chypre à Paris. Les prix varient entre 30 euros à 40 euros.

Office du tourisme de Chypre à Paris 15, rue de la Paix 75002 Paris
Tél. : 01.42.61.42.49
Site internet : visitcyprus.com

Denis Aubel

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